Ego Boost - 4
Previously in Ego Boost : après nous avoir expliqué que les hommes sont attirés par les femmes non pas tant pour leur beauté objective (ce qui pourrait bien être un mécanisme de protection vu qu'il n'y a pas assez de Top-models pour satisfaire les 3 milliards de mecs en manque de sexe sur la planète) qu'en fonction de critère subjectifs et irrationnels de "sexytude", notre héros constate que cela le conduit aussi à changer d'avis au fil du temps, et de ne plus trouver l'objet de son affection aussi sexy que ce fameux premier soir ; le regard de ses potes n'est pas étranger à l'affaire, ce qui tendrait à accréditer la thèse selon laquelle notre héros est un peu superficiel et vain.
Oui, je sais, il n'y a pas de quoi être fier.
Les hommes sont pathétiques, pitoyables, je ne fais pas exception à la règle, à chercher à faire éclore le bonheur dans la satisfaction primaire de l'ego, à s'épanouir dans l'auto-complaisance et dans le regard admiratif de pairs qui pourtant n'ont pas une idée beaucoup plus précise de ce qu'est le chemin du bonheur.
Aucune idée de ce que cela signifie d'être heureux, mais dans le doute, ça à l'air beaucoup plus facile en haut du tas de sable, quand on aura gagné tous les pompons de la course aux signes extérieurs de réussite sociale, et que tous nous regarderont avec désir et envie.
Commencer par être content de soi, on verra ensuite si le contentement est une bonne base pour le bonheur, de toute façon on n'a pas d'autre idée.
Pour satisfaire l'égo masculin, nous avons durant les derniers millénaires envisagé de nombreuses idées : la noblesse et les castes, l'argent bien sûr, les gourmettes et les chaînes en or autour du cou, le titre de Directeur Général, les médailles et décorations, la célébrité "vu à la télé", les coupés sports, les costumes Armani, les Blackberry avec l'oreillette bluetooth mais quand même tu parles super fort dans la rue pour que tout le monde te remarque, une Patek Philippe ou des vacances sur le yacht d'un ami, la section VIP dans les boîtes à la mode, la notion de "quartier chic" et la surface de nos appartements, autant de marques distinctives qui permettent au mâle conquérant de proclamer : regardez-moi, j'ai tous les signes, j'ai réussi, je suis un homme un vrai, admirez le spécimen, je le vaux bien, I am the Man.
Même aux marges de la civilisation moderne, dans une jungle impénétrable ou sur une île perdue, des indigènes névrosés sont sans doute en ce moment-même en compétition à qui aura la plus grande hutte, le plus bel os de poulet dans les narines, le plus beau totem, espérant pareillement que le respect de leurs pairs leur procurera le bonheur.
Mais partout dans le monde, dans le salon VIP du dernier club huppé ou sur une plage perdue loin des villes, le booster d'ego ultime, c'est quand même la femme que l'on porte à son bras.
Parce que si cette femme sexy me désire, alors je suis désirable, et ça, ça fait toujours plaisir.
Et surtout parce que si tout le monde dans ce club la désire aussi et se demande ce qu'elle me trouve, alors je dois avoir une plus grosse bite qu'eux.
Le voilà, mon totem, et la tribu doit bien s'incliner devant lui, j'ai au bras la femme pour prouver sa valeur, même pas besoin de vous la montrer, ma bite, je préfère vous laisser deviner, si ça se trouve vous êtes encore en deçà de la vérité, oui, elle doit être ENOOOORME.
L'ego masculin se porte juste sous la braguette. On le flatte à ses risques et périls.
80% des conversations entre hommes portent directement ou indirectement sur la comparaison de la taille de leurs bites respectives, c'est essentiel, primordial, la condition sine qua none de notre bonheur (les 20% restantes portent sur le fait que nos femmes sont casse-couilles, vous l'aviez deviné).
Bien évidemment, la plupart des hétérosexuels parmi nous n'a jamais vu de bite en érection à part la sienne (non, Rocco Siffredi, ça ne compte pas), donc notre proclamation permanente de la taille impressionnante de notre organe est pure spéculation.
Les femmes nous font bien à l'occasion quelque compliment, mais comment leur faire confiance ?
Non seulement elles pourraient mentir, mais en tout état de cause leur palmarès sexuel constitue rarement une base statistique représentative.
On ne va quand même pas prendre le risque de la sortir entre potes, et de comparer les tailles scientifiquement ; tout d'un coup on n'est plus tout à fait sûr de notre fait, il est sans doute préférable de rester sur nos illusions et nos affirmations péremptoires.
Tenez, par exemple, je vous parlais précédemment des femmes de nos amis, qui nous font tellement envie.
Et bien la règle veut qu'on ne couche pas avec elles. Ni pendant leur relation, ni avant, ni après. C'est la règle, ça ne se fait pas.
Fair-play entre gentlemen, souci généreux de ne pas blesser les sentiments d'un pote ?
Que nenni.
C'est juste beaucoup trop dangereux, cela voudrait dire qu'au moins une personne au monde serait en mesure de nous départager de manière définitive sur le sujet de "qui a la plus grosse".
On ne peut pas prendre le risque.
Pour l'un des deux, les conséquences pour l'ego seraient dévastatrices (et ça n'aide pas si en plus, à la base, c'était sa femme).
Je n'oublie pas qu'un jour, une femme m'a quitté pour en autre en me disant gentiment : "lui au moins, il me fait jouir"…
Tout bien considéré, j'aurais préféré qu'elle me reproche de ronfler, ou de ne jamais descendre les poubelles.
Quoique je crois qu'elle m'a reproché ça aussi, en y repensant.
Ca m'a juste moins marqué.
J'ai été très malheureux.
Alors étonnez-vous, Mesdames, de l'apparente vanité de mon propos.
Etonnez-vous qu'aujourd'hui, il soit indispensable à mon bonheur de bander haut et de faire jouir mes femmes…
Etonnez-vous que le regard plein de désir d'une jolie femme soit mon chemin vers le salut…
C'est vous qui avez commencé.
(à suivre…)