Phéromones (8)

Publié le par Valentin Vernoux

 

Previously dans Phéromones : Emma, alcool à volonté, pièce montée, que croyiez-vous donc qu'il allait se passer ? Alors que notre héros se morfondait en imaginant le pire entre Valentine et Fabrizio, ce qui devait arriver arriva, Emma a replongé, et cette fois c'est dans la pâtisserie.

 


 

 

Comment voulez-vous dormir dans ces conditions ?

 

D'ordinaire, j'ai un sommeil profond, je plonge dans les bras de Morphée à peine les paupières fermées, et un tremblement de terre ne me ferait pas rouvrir l'œil.

 

Mais là, enfin quoi, ça fait quand même beaucoup de choses d'un coup.

 

Impossible de fermer l'œil.

 

A côté de moi, Valentine n'a pas ce problème, elle s'est endormie en quelques minutes.

Les galipettes avec le gigolo milanais, ça creuse je suppose.

Oui, tu es épuisée, je comprends ma chérie.

 

Je comprends, mon cul, oui.

 

Je ne comprends rien du tout.

 

Ce week-end dépasse complètement ma capacité à expliquer le monde qui m'entoure.

 

Un baiser dans la tour avec Emma.

Déjà, ça, ça n'était pas du tout prévu.

Et c'est super difficile à oublier.

 

Depuis, tout le monde tripote tout le monde, et moi c'est comme si je n'existais pas.

Pauline et Gaston.

Pauline et Cathy.

Cathy et Germaine.

Valentine et Fabrizio.

Et j'en oublie sans doute, ce week-end, c'est une énorme partouze bretonne.

Ca ferait un bon nom pour une crêpe, tiens.

 

Et en plus j'ai perdu au jeu de piste.

 

Pffff.

 

Et puis, paf, préservatif sous le lit.

 

Et maintenant, re-paf, Emma dans gâteau.

 

Ohlalalalalaaaaa

 

Elle doit être au plus mal, pauvre Emma, quelle catastrophe, elle va être tellement embarrassée, quelle honte…

 

Et pourtant, je me mets à sa place, elle n'y est pour rien, c'est pas sa faute.

Tout comme moi, en fait.

 

Elle aussi a dû constater l'infidélité de son crétin de Gaston, et avec sa sœur en plus.

On ne peut pas lui reprocher d'être un peu sur les nerfs.

Comme moi, quoi.

 

Et puis, elle aussi a vécu un baiser troublant dans la tour.

Ca doit la perturber, pauvre Emma.

Tout pareil que moi.

 

Et moi qui n'ai même pas trouvé le moyen de lui reparler depuis ce baiser, de clarifier les choses, de lui dire…

 

De lui dire quoi, d'ailleurs ?

 

Je ne sais pas.

Et d'ailleurs justement, ça me perturbe de ne pas savoir ce que je lui dirais, alors donc, j'ai raison, elle doit être encore plus perturbée de ne pas savoir non plus ce qu'on se dirait si on se reparlait de ce baiser sous la lune.

 

Pas étonnant qu'elle se réfugie dans l'alcool et dans la première pièce montée qui passe.

 

Ohlalalalalaaaa, elle doit se sentir super mal.

 

Pffff, je ne suis pas prêt de m'endormir, moi.

 

Il est quoi, minuit moins le quart ?

 

Pffff.

 

Je pourrais aller faire un tour.

 

Je pourrais aller voir si quelqu'un est encore debout, si quelqu'un a des nouvelles d'Emma, si elle va bien…

 

Hier soir, forcément, le dîner a tourné court, en plein toast de célébration de l'amour elle s'est effondrée dans la pièce montée, tout s'est cassé la figure, il y avait des choux et de la nougatine et de la chantilly partout dans la pièce, tout le monde criait, c'était la panique.

 

Même moi, qui commence à être habitué aux rencontres fortuites entre Emma et divers assemblage de nourriture, le plus souvent en public, même moi je suis resté comme deux ronds de flan, et pourtant on n'avait pas besoin de flan, question dessert on était servi.

 

Ensuite, une équipe de secours improvisée s'est précipité, on a dégagé les décombres, et les femmes ont emmené Emma vers sa chambre.

 

Et au bout d'un moment, Germaine nous a suggéré à tous de monter nous coucher, désolé vraiment pour cet incident, tout va bien maintenant, on se retrouve au petit déjeuner, allez c'est pas grave passez une bonne nuit.

 

Pffff.

 

Je m'inquiète pour elle, quand même…

 

Je vais aller faire un tour.

 

 

* * *

 

J'ai pris la lampe de poche, mais je me perds quand même.

 

Le château est complètement désert, personne pour me donner des nouvelles, et aucun bruit qui me renseignerait sur la situation.

 

Je ne vais quand même pas débarquer à minuit dans la chambre d'Emma pour lui demander comment elle va et lui confirmer que je suis perturbé aussi par ce baiser, et lui promettre que je serai toujours là pour elle…

Le tout avec Gaston comme témoin.

 

Non, ce n'est pas ta meilleure idée, Valentin.

 

Bon alors je fais quoi ?

 

En attendant, j'ai l'air un peu con, à peine habillé, pieds nus, avec ma lampe de poche, dans les couloirs déserts.

 

 

Mais en passant devant une fenêtre, un mouvement attire mon attention vers le jardin.

 

Dehors, Gaston et Pauline sont en pleine discussion.

Ah ben non, en fait ils s'embrassent.

Ah ben non, en fait ils s'arrachent leurs vêtements.

Ah ben non ils….

Ah oui quand même….

 

Ah bon, Pauline est de nouveau avec Gaston ?

 

Je ne sais pas qui écrit cette histoire, mais je ne comprends rien à l'intrigue.

 

Et Gaston, pourquoi il n'est pas auprès d'Emma, ce con ?

Emma qui ne va pas bien du tout, qui a besoin qu'on s'occupe d'elle et qu'on la rassure et qu'on la prenne dans ses bras ?

Gaston bon sang, ce n'est pas le moment de fricoter avec la petite sœur, essaie de suivre, bordel, essaie d'être à la hauteur, pour une fois…

 

Même si, bon, depuis là où je me trouve, c'est vrai, la petite sœur a vraiment de très jolis seins.

Et de très jolies fesses.

 

Hmmmmmm

 

Ah mais si Gaston est dehors… il n'est pas dedans !

 

Je veux dire, je m'explique, puisque Gaston est en train de conter fleurette à la petite cochonne à jolie poitrine, alors je peux peut-être aller parler à Emma pendant ce temps-là…

 

Oui, super-plan, faisons ça.

 

Enfin, sauf si elle dort.

 

Oui, il est minuit, elle a quand même eu une soirée difficile, elle dort sans doute.

 

Elle dort sûrement.

 

Je pourrais peut-être lui passer un coup de fil ?

 

Si elle dort, elle aura sans doute coupé son portable, ou bien elle ne l'entendra pas.

Si elle est réveillée, un coup de fil pour prendre des nouvelles, oui c'est parfait, ce n'est pas trop envahissant, c'est tout bien poli et gentleman et attentionné et tout…

Et une fois la conversation engagée, rien ne nous empêche de faire évoluer le sujet vers des choses plus personnelles.

 

Super-plan.

Tu vois quand tu veux ?

 

 

* * *

 

 

-       Allooooo ? (voix quand même bien pâteuse)

 

-       Allo Emma ?

-       Alloooooo ?

 

-       Oui Emma ? C'est Valentin, je ne te réveille pas ? Je voulais savoir comment tu vas, j'étais un peu inquiet…

 

-       Valentiiiin ?

 

-       Oui Emma ? C'est Valentin, tu nous as fait une de ces peurs, tu sais, je n'arrive pas à dormir tellement tu m'as fait peur, ça va toi maintenant ?

 

-       Valentin, je comprends paaaaas, il est où Gaston ?

 

-       Euuuuuh Gaston ? Il va bien Gaston, ne t'inquiète pas, je viens de le croiser, il va très bien, il va venir bientôt

 

Oui, à vue de nez, il va venir très vite, même.

Quelle énergie, cette Pauline !

Et quel cul…

 

-       Ah boooon, ben tant mieux, parce que j'ai cherché partout, il est pas sous le lit, il est pas dans la baignoire, il est pas dans le placard, ah ben non le placard j'ai pas encore cherché, mais si il va bien tant mieux, moi je vais bien, Gaston va bien, et toi tu vas bien Valentin, oh Valentin, c'est trop chou de m'avoir… BONG…boum !

 

Bong-boum ?

 

Quoi bong-boum ?

 

Comment ça bong-boum ?

 

J'ai appelé en vain dans le combiné, Emma ne répondait plus.

 

 

* * *

 

Ni une ni deux ni trois-virgule-quatorze-cent-seize, je me suis précipité au secours de ma bien-aimée.

 

Heureusement, je savais tout à fait par hasard où est sa chambre, non je ne sais pas du tout comment j'ai obtenu cette information, on a du me le dire en passant, la mémoire est étrange, non pas du tout je ne m'étais pas du tout renseigné à tout hasard au cas où, c'est juste une coïncidence, vous avez l'esprit tordu, et puis en fin de compte, hein, c'est quand même une chance que je sache où est sa chambre, alors pouêt-pouêt.

 

J'ai fait irruption tel un chevalier à la rescousse de sa belle.

 

Emma gisait, délicieusement sexy dans un pyjama de campagne affriolant, une grosse bosse déjà visible à l'arrière du crâne.

 

Et pour une fois elle ne s'était pas fait ça toute seule.

 

Un chandelier tout cabossé posé à côté du corps en témoignait.

 

Mon Dieu, mais qu'ont-ils fait à ma bien-aimée ?

 

Je l'ai prise dans mes bras et portée jusqu'au lit, alors qu'elle commençait à émerger.

 

Je lui caressais doucement le front lorsqu'elle a ouvert les yeux…

Je lui tenais la main tendrement lorsqu'elle a essayé de parler…

 

Non, ne parle pas, ma tendre Emma, tout va bien maintenant, je suis là, tu as été lâchement agressée par derrière, ah les salauds, mais je te protégerai maintenant…

 

Mais on était déjà en train de s'embrasser passionnément.

 

En fait on est même en train de s'arracher nos vêtements.

On est même en train de se tripoter de partout.

 

Sa peau est douce, et ses seins, ah ben tiens oui je les reconnais, on s'est croisé hier dans les escaliers de la cave, ohlalalala qu'est-ce qu'elle est sexy, et comme elle embrasse bien, et comme j'en ai envie…

 

Et puis là, paf, coïtus interruptus.

 

Il y a eu un grand raffut dans le couloir, des pas qui se rapprochent, Emma m'a jeté en dehors du lit, je me suis fait super mal en tombant, elle m'a mis des coups de pieds pour que je me glisse sous le lit, je ne voyais pas ça comme ça notre nuit d'amour mon cœur mais on fera comme tu veux, et me voilà coincé sous le sommier, quand la porte s'ouvre brusquement…

 

J'ai entendu la voix de Cathy, qu'est-ce que Cathy fait ici à cette heure, sans frapper ?

 

 

"Emma, il faut que tu viennes tout de suite !"

 

 

"Germaine a disparu !"

 

 

 

 

 

 

( à suivre )

 

 

 

Nota Bene : et pendant ce temps-là, Emma

 

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article